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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/119

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de france

action survécut à son auteur. Un de ces élèves, pour citer cet exemple topique, trouva vers 1890 le moyen d’écrire un précis de l’histoire des États Unis sans prononcer le nom de La Fayette ; par contre il mentionnait avec insistance une rencontre armée entre deux navires l’un Français, l’autre Américain, qui eut lieu à l’époque de notre grande révolution et se termina à l’avantage de l’Américain. Tout cela aidant, la notion de la décadence Française se développa au nouveau-monde. Ceux-là même dont les sympathies demeuraient francophiles se persuadaient du caractère irrémédiable de cette décadence. Notre langue reculait ; nos savants et nos littérateurs perdaient de leur prestige ; on commençait à discuter âprement les mérites jusqu’alors incontestés de nos artistes.

Quelques hommes de bonne volonté tentèrent de provoquer une réaction. Ils regardaient du côté des universités. L’opinion Française avait commis la faute énorme d’envisager avec une sorte d’indifférence ironique les progrès intellectuels des Américains. On pouvait prévoir cependant qu’une grande nation comme celle qui se formait au delà de l’océan ne se contenterait pas longtemps d’un idéal commercial et viserait autre