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la chronique

1830 vit jouer Hernani et 1832 un drame en vers, le Roi s’amuse. Dans l’intervalle, en 1831, Victor Hugo avait publié les Feuilles d’Automne, son célèbre roman de Notre-Dame de Paris, et un quatrième drame en vers, Marion Delorme. Il a trente ans, et son bagage comprend déjà trois recueils de poésies, quatre romans et cinq drames. Chose étrange, cette fécondité sans pareille va se continuer à travers tout le siècle. Chose plus étrange encore, dans cette première période de sa vie, Victor Hugo a atteint d’emblée au plus haut et au plus bas. En prose, il n’écrira rien de plus magnifique que certaines pages de Notre-Dame de Paris ; sur le théâtre, la somptuosité de son inspiration lyrique n’ira pas au-delà de certaines scènes d’Hernani ; des vers, surtout, ont coulé de sa plume, dont il ne dépassera jamais la délicieuse harmonie et la parfaite beauté. Ces morceaux constituent pour la langue Française des acquisitions d’une valeur inestimable, mais ce sont des morceaux ; le chef-d’œuvre intégral n’est point venu et il ne viendra pas. Nous n’aurons ni un Hamlet, ni une Iliade, ni une Divine Comédie.

Du Roi s’amuse (1832) aux Burgraves (1843),