Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
la chronique

comme auteur dramatique, installé sur la scène Française « le crime passionnel avec ses sophismes, sa trouble rhétorique et son louche attrait ». Une pièce comme Antony eût-elle cent fois plus de valeur, qu’elle ne vaudrait pas encore le mal qu’elle a causé. Mais Dumas père n’est qu’accessoirement un auteur dramatique ; la réputation secondaire qu’il a pu acquérir sous ce rapport a été vite éclipsée par celle de son fils, réelle et méritée celle-là, encore que le déclin en ait été rapide et que le théâtre de cet homme de grand talent, consacré à outrer par des moyens artificiels des thèses passagères, ne fut pas de ceux qui durent. Le second reproche mérité par Dumas père est plus grave parce qu’il s’adresse au conteur, c’est-à-dire, en lui, à l’homme « principal » : c’est d’avoir constamment faussé l’histoire. À vrai dire, il ne le fit pas volontairement ; il n’en voulait à personne et n’avait dans l’âme, pas plus de méchanceté à l’égard des morts qu’à l’égard des vivants ; il n’eût pas mieux demandé que d’être entouré de matériaux véridiques et de s’en documenter. Mais le temps lui manquait pour les amasser et les compulser. Il paraît qu’il en fit chercher une fois sur un sujet dont il était