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la chronique

de laquelle il avait vécu. Il crut que les ruines morales qu’il observait autour de lui s’étendaient sur tout le territoire ; il pensa qu’une forte secousse était nécessaire pour remettre le pays debout. Trop éclairé lui-même pour ne pas apercevoir sous leur vrai jour les accidents dont il allait tirer parti, il les présenta, non comme d’inquiétants symptômes, mais comme de terribles certitudes ; il tenait les apparences du péril ; il proclama le péril. Les Français, d’abord un peu étonnés, se laissèrent convaincre ; le président du conseil n’appartenait pas à l’opinion extrême : sa qualité de modéré, doublée de son prestige personnel, en imposèrent à tous ; on entra dans ses vues. Ce n’étaient là, très probablement, que des vues provisoires ; M. Waldeck-Rousseau espérait que, sous l’aiguillon du danger évoqué, sinon réellement couru, un nouveau groupe allait se former avec un programme sagement et fermement progressif et que ce groupe deviendrait assez fort pour fournir au gouvernement un appui durable. Le groupe se forma en effet, mais il n’eut pas de programme. On ne put se mettre d’accord pour lui en trouver un. Faute de mieux, la bannière de la « République en danger » continua de processionner à