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travers la politique. Quand vinrent les élections, elle était encore là ; on n’avait rien inventé de mieux. Ainsi le destin volontiers ironique avait voulu que l’un des plus fins parmi les hommes d’État fût condamné à gouverner jusqu’au bout par le moyen le plus vulgaire.

Le grossissement d’une idée.

De telles situations ne demeurent jamais stationnaires : une idée comme celle-là, lancée à travers une nation y fait la boule de neige ; trop de gens ont intérêt à s’en emparer ; trop d’esprits faibles en sont agités, trop de bavards la colportent. Elle grossit, et si bien, qu’elle en arrive à tromper ceux-là même qui, plus judicieux ou mieux éclairés, n’y avaient attaché tout d’abord qu’une importance relative. En janvier 1902, M. Waldeck-Rousseau, dans un grand discours prononcé à Saint-Étienne, revenait sur ce péril tant de fois dénoncé déjà et maltraitait durement ceux en qui il voulait voir les adversaires irréconciliables de la république ; mais il ne s’agissait alors que d’un péril récent et d’ennemis immé-