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plutôt que des maîtres ; vous ne pouvez choisir les camarades ni les plaisirs de vos enfants ; ils vous sont imposés par le milieu auquel vous appartenez vous-même. La haute bourgeoisie Parisienne, à de méritoires exceptions près, n’élève pas ses enfants simplement et ne peut le faire ; ils s’habituent de bonne heure à dépenser beaucoup. L’argent joue dans leur existence, comme dans celle de leurs parents, le rôle principal ; ils ne le considèrent pas, à l’instar des Américains, comme un moyen d’action, un levier, une source de puissance ; ils le regardent comme une étiquette, un titre à la considération. L’ancienne bourgeoisie avait, comme a encore l’aristocratie, un passé, des traditions, une stabilité sociale ; la nouvelle bourgeoisie n’a pas cela ; dans la politique comme dans les affaires elle n’exerce pas une influence héréditaire ; en temps que classe, elle n’est quelque chose qu’en proportion de l’argent qu’elle possède et qu’elle dépense. Il lui en faut beaucoup et cette chasse aux écus, très rapidement, la démoralise, l’énerve, la disqualifie pour les grandes entreprises qui maintiendraient, augmenteraient ou rétabliraient honorablement sa fortune. Les fils ne se sentant plus le courage d’agir comme leurs pères,