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la chronique

bicyclette et la propagation rapide de ce merveilleux instrument, il est à croire qu’une réaction eût été très longue à venir et que l’habitude du sport ne se fût pas implantée facilement dans la race Française. Enfin il existe une troisième cause : le singulier préjugé qui, entre 1840 et 1870, a dominé presque toutes les classes de la société et commence seulement à perdre de son pouvoir. La vertu, disait-on, est une éducatrice insuffisante, sinon médiocre, et pour arriver à une virilité complète, le jeune homme a besoin d’abandonner temporairement ses sentiers afin « d’apprendre à connaître le mal ». Cette bizarre et absurde pédagogie est née très probablement de l’abus des lectures immorales, romans vicieux, études de mauvaises mœurs… dont le talent indéniable des auteurs et la malsaine curiosité du public ont, de connivence, assuré le succès. Les parents ont, dès lors, témoigné une grande indulgence vis-à-vis des écarts de conduite de leurs fils. Ces trois causes indiquent suffisamment pourquoi une partie de la jeunesse Parisienne est la proie du plaisir.

Là encore, cependant, on risque d’être trompé par les apparences. Non seulement, toute la jeunesse n’est pas vouée uniformément à la même