Aller au contenu

Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
de france

l’élasticité et de la sensibilité qu’elle devrait posséder. On imagine mal un fonctionnaire Anglo-saxon se disant sur la fin de sa carrière qu’il n’a jamais fait tort d’un centime à l’État et se décernant, en conséquence, un satisfecit absolu. C’est très bien en vérité, mais ce n’est pas assez. La probité est une vertu de l’homme en général, non point du fonctionnaire en particulier. Il est bon que celui-ci comprenne un peu autrement ses devoirs envers la société et fasse entrer en ligne de compte le zèle, l’ardeur, l’initiative… En France, il ne le fait jamais. La façon étroite dont l’administration s’y trouve hiérarchisée étouffe l’initiative bien loin de l’encourager, de sorte que le fonctionnaire n’est pas seul responsable de son esprit de routine. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que, enfermé dans la tâche précise et limitée qu’il a à remplir, sa principale et même son unique ambition est de la remplir jusqu’au bout avec probité et désintéressement. Il est peut être d’autres pays où les fonctionnaires sont aussi routiniers ; il n’en est guère où ils soient aussi parfaitement désintéressés.

Par quelle bizarrerie, alors, se trouvent-ils exposés à l’accusation de corruption, celle préci-