Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
la chronique

La politique et les Fonctionnaires.

Les hommes politiques et les fonctionnaires, en France, ne datent point de la même époque ; les premiers sont une création de la république actuelle ; les seconds sont immuables depuis Napoléon le Grand. Il est hors de doute qu’on ne puisse reprocher aux uns d’être parfois médiocres et aux autres d’être presque toujours routiniers. Mais, volontiers, on va plus loin : on formule l’accusation de corruption et celle-là est tout à fait injustifiée. Paris étant le centre politique et administratif de la France, on peut apprécier l’ensemble du pays, à cet égard, d’après ce qui s’y passe.

Le fonctionnaire Français a un idéal qui contribue singulièrement à le préserver de la corruption. Son idéal, c’est la probité. On pourrait, au premier abord, n’y trouver rien à redire ; aucune vertu n’est plus respectable ; mais par idéal, il ne faut pas entendre seulement l’effort pour rester probe qui est du devoir de tous les hommes ; notre fonctionnaire ne pense pas à autre chose ; il est comme hypnotisé par cette vertu au point de négliger les autres ; à force de tout ramener à cela sa conscience perd, sur le reste, un peu trop de