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la chronique

mélodramatique dont quelques députés de la droite monarchique annoncèrent un beau jour qu’ils avaient découvert le « cancer qui rongeait la république » était déjà de mauvais aloi ; ils ressemblaient à des héritiers pressés, prompts à découvrir chez leur parent riche des maladies qu’ils souhaitent aussi mortelles que possibles. Puis vint la grande cascade de la calomnie ; elle coula à flots pendant deux mois ; sous couvert de révélations, on inventait des listes sur lesquelles on plaçait, sans vergogne, les noms de ses adversaires politiques les plus redoutés. Jamais le mensonge ne fut plus général ni plus impudent. Et quand enfin la justice eût son tour, elle ne trouva presque rien à dire : la plupart des accusations tombèrent d’elles-mêmes. Il fut prouvé non pas que beaucoup de votes avaient été vendus mais que beaucoup de gens s’étaient offerts pour les acheter, ce qui n’est point la même chose.

Quelques hommes politiques ont paru s’enrichir au pouvoir ; mais il en est bien davantage qui, ayant habité comme ministres, les somptueux palais que la monarchie avait édifiés et dans lesquels la république continue de loger ses gouvernants, les ont à maintes reprises abandonnés