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aux malheurs domestiques, il y est toujours exposé ; sa santé, que la vie de bureau ébranle, peut le condamner à une retraite prématurée ou bien ce sont ses enfants à élever, de vieux parents à entretenir, etc… S’il pouvait se décider à vivre, comme son voisin l’ouvrier, il serait à son aise ; mais il ne le veut pas. Ses chefs, d’ailleurs, le sauraient et il ne pourrait conserver sa place. Du haut en bas de l’administration règnent ce faux décorum, ce faux sentiment de respectabilité qui s’attachent à la fonction et non à l’homme qui la remplit.

C’est pourquoi beaucoup, parmi les petits employés, sont malheureux. Leur gêne confine à la misère ; ils la cachent, s’ingénient pour n’en rien laisser deviner, et vraiment dans cette lutte, ils apportent une dignité, une persévérance, qui forcent la pitié, sinon l’admiration.

Les petits commerçants semblent, tout compte fait, moins à plaindre que les petits employés ; non pas que leurs affaires soient prospères, mais parce qu’il y a, en tous cas, un peu plus de mouvement et d’indépendance dans leur vie, qu’ils ont moins de préjugés et qu’enfin, en cas de ruine complète, ils ne se trouvent pas inhabiles à tout autre métier comme l’est le petit employé, empê-