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de france

tout ordre, civil, religieux ou militaire abuseront des situations acquises pour braver la république et ses lois ou que la qualité de « républicain » constituera un titre de défaveur pour l’admission et l’avancement dans les carrières publiques ».

Ce langage de fière tournure a pu séduire les assistants et provoquer leurs chaleureuses acclamations ; dès qu’on l’examine de sang-froid et qu’on en pèse avec soin les termes, on s’aperçoit qu’il détonne absolument. Quelle aberration peut dicter de pareils anathèmes au premier ministre d’une république que nulle attaque n’a pu ébranler et qui, consolidée par son existence déjà longue, l’est encore par la situation très enviable que la puissance de ses armes et la persévérance habile de sa diplomatie lui ont faite dans le monde ? À l’heure où elle pourrait recueillir le fruit de ses efforts et où précisément le développement de sa fortune et la mise en valeur de ses colonies sollicitent son activité, voilà en quelles byzantines querelles on gaspille son temps et sa force ; à cette nation cimentée depuis des siècles en un bloc compact on parle de je ne sais quelles fissures imaginaires qui la menaceraient. « Ce n’est pas seulement la forme républicaine, s’écriait M. Brisson,