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la chronique

leur verve à ses dépens : ils l’ont représenté empêtré et blagueur, bruyant et maladroit. Ces qualificatifs ne sont pas surannés ; la France évidemment est de moins en moins, un pays de chasse ; les gens très riches arrivent à force d’élevage, d’argent, de clôtures et de procès, à pouvoir offrir à des invités de choix cinq ou six luxueuses battues par automne ; il serait curieux d’établir le prix de revient d’un de leurs perdreaux ou de leurs faisans. Le président de la république a moins de soucis, car les chasses officielles qui lui sont réservées et dont il fait les honneurs aux souverains et aux princes de passage à Paris sont entretenues aux frais de l’État, sur les anciens domaines de la couronne tels que Rambouillet ou Compiègne. Les gentilshommes campagnards, riches en terres, mais mal approvisionnés de numéraire « sortent avec leurs fusils » (c’est l’expression consacrée) une ou deux fois par semaine pendant que la chasse est permise et se contentent d’abattre les animaux de poil ou de plume que leur chien fait lever ; ils sont charmés lorsqu’après avoir arpenté de nombreux hectares, ils rapportent 4 ou 5 pièces mais se consolent aisément de ne rien rapporter du tout. Restent dix douzaines de lièvres, de