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la chronique

tique d’affaires prit la place de celle qui venait, quatre années durant, de remuer si profondément le pays. On pense bien que cette solution, la seule absolument et rigoureusement patriotique, n’avait aucune chance de triompher et, sans doute, M. Méline en la présentant, ne se berçait point à son endroit d’un fol espoir et soulageait tout simplement sa conscience.

Seul, au milieu du débordement accoutumé des manifestations oratoires, M. Waldeck-Rousseau ne disait rien. Son silence souriant lui tenait lieu de programme, et c’est la première fois, probablement, qu’on voyait le chef du gouvernement s’abstenir de faire ni une déclaration ni une promesse à la veille des élections. À son point de vue, le président du conseil témoignait, en se taisant, d’une profonde habileté. Qu’eût-il pu dire qui améliorât sa situation, sans la compromettre ? Malgré tous les grands principes évoqués, toutes les belles idées mises en avant, le pays, volontiers simpliste, ne se groupait ni autour d’un principe, ni autour d’une idée ; il se groupait autour d’un fait ; il formait deux camps bien tranchés et ouvertement adverses, les ministériels et les anti-ministériels.