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la chronique

sûr ; mais, du moins, le départ aurait dû s’accomplir dans un silence discret. Le président du conseil escorta M, Loubet jusqu’à Brest pour s’y entendre décerner, dans un grand banquet offert par les autorités au chef de l’État, des éloges dont l’ampleur étonna et dont l’opportunité fut grandement discutée dans tout le pays. Le président Loubet déclara que le chef du cabinet servait la république « avec un éclat qui n’a jamais été égalé » ; le lendemain, dans le texte officiel, le mot « égalé » céda la place au mot « surpassé » ; malgré ce correctif, on crut démêler dans un langage si insolite le souci de retenir au pouvoir un ministre pressé de s’en aller. Déjà plusieurs journaux avaient indiqué que tel était l’état d’esprit de M. Loubet, et cette manifestation oratoire sembla leur donner raison. Or, le jour même où l’escadre Française jetait l’ancre en rade de Cronstadt, la nouvelle de la retraite du cabinet devenait officielle et le Figaro annonçait peu après que le premier ministre démissionnaire s’était lui-même choisi un successeur dont le nom allait surprendre par son peu de notoriété. Le public, en effet, n’eût jamais songé à M. Émile Combes pour remplir un pareil poste ; bien qu’il