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la chronique

fait il n’en est rien : les radicaux ne sont pas des anarchistes et c’est en général en paroles que se répandent leurs tendances à l’extrême ; ils prêchent beaucoup et agissent peu. Lorsque l’action s’impose à eux on les voit chercher, soit parmi leurs voisins de droite soit parmi leurs voisins de gauche, des compagnons de travail auxquels ils obéissent même lorsqu’ils ont l’air de les diriger.

Pour qu’une opinion si fuyante et si peu précise arrive à grouper un grand nombre de partisans, il faut évidemment des circonstances d’un ordre particulier et transitoire et c’est bien là ce qui s’est produit cette année. La majorité qui soutient le cabinet Combes, tant au sénat qu’à la chambre des députés, se compose de trois éléments bien distincts. D’abord les utopistes, revenants de 1792 et de 1848, dont nous avons analysé l’an dernier, les aspirations[1] ; nous verrons plus loin quelle forme d’activité ont revêtu ces aspirations et sur quels points se portent leurs efforts ; en second lieu, les arrivistes : tous ceux qui souhaitent de voir mettre à la retraite les hommes et les choses

  1. Voir la Chronique de 1901, chap. i, Une crise d’idées générales.