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d’hier et d’avant-hier, tous ceux qui désirent des hécatombes de fonctionnaires, des places à occuper et à distribuer, tous ceux auxquels le sort capricieux avait refusé jusqu’ici une occasion de faire valoir un talent réel ou d’employer une ambition vivace ; tous ceux-là se sont réclamés de l’étiquette radicale parce qu’elle leur semblait en faveur ; ils ont pris du radicalisme comme on prend d’une valeur en hausse, quitte à s’en défaire dès qu’on juge qu’elle va baisser. En troisième lieu, il y a parmi les « majoritards » comme les dénomme l’argot parisien, beaucoup d’inquiets, beaucoup de propriétaires qui craignent au fond du cœur de voir s’établir un jour ce socialisme qu’ils ont couvert de fleurs et dont ils ont vanté la noblesse et la justice ; l’anticléricalisme leur paraît un dérivatif précieux ; que le peuple mange la fortune des moines : cela permettra aux capitalistes de soustraire les leurs, au moins momentanément, aux appétits des « partageux ».

Utopistes, arrivistes et inquiets sont venus renforcer ainsi le petit noyau des radicaux de la première heure ; ils leur ont apporté la force numérique que ces derniers n’avaient pas, mais ils n’ont pu leur apporter davantage : sans programme