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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/54

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la chronique

eux-mêmes, comment auraient-ils pu aider leurs aînés à en rédiger un ? Que veulent-ils ? Ils n’en savent vraiment rien. Tout chez eux, est contradiction et obscurité ; ils ne veulent point comme les socialistes supprimer l’armée et la marine de guerre, exproprier les industriels, limiter étroitement la propriété en attendant de la faire disparaître, évacuer les colonies, dénoncer les alliances étrangères. — Non ! ils se garderaient bien de vouloir tout cela ; mais quand on leur propose des mesures propres à affaiblir toutes ces institutions et à embrouiller tous ces rouages qu’ils prétendent conserver, ils s’empressent de les voter. De là, ce luxe étonnant de grands mots et de phrases toutes faites auxquels chacun, depuis le premier ministre jusqu’au moindre député, a quotidiennement recours. La science, l’humanité, l’obscurantisme, le progrès, les droits de l’homme, la justice immanente, la solidarité… voilà les arguments habituels à la nouvelle majorité. Or ce ne sont point des arguments, ce sont des sentiments ; ils ne sauraient masquer bien longtemps le vide extraordinaire qui reste creusé derrière. L’anticléricalisme ni même la religion de l’humanité ne rempliront les estomacs Français ; il faudra songer quelque