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éprouvé le besoin de s’y arrêter ; et ces mêmes points de vue, en d’autres pays, tourmentent ou du moins captivent des âmes simples et rudes moins faites, semble-t-il, pour les étudier et les comprendre.

Le sentiment religieux existe-t-il ?

Est-ce à dire que le sentiment religieux n’existe pas en France ou qu’il n’existe que faiblement à l’état de reflet ? Il serait injuste de le prétendre. Le culte des morts notamment, qui est si développé parmi nous, atteste sinon une foi très vive, du moins une espérance persistante ; et l’espérance en l’au-delà est, en somme, une foi indirecte. On a comparé, sous ce rapport, la France à la Chine ; la comparaison n’est pas exacte. Il n’y a rien d’ancestral dans le culte que les Français rendent à leurs morts, c’est-à-dire à ceux qu’ils ont connus et aimés ; la pensée pieuse ne remonte pas au-delà ; les générations antérieures n’y ont point de part. Pour le Chinois, la famille se continue dans l’autre monde ; ses ancêtres, aussi bien ceux qu’il a connus que ceux dont il ignore les visages et les aventures, veillent sur lui et s’occupent de lui et