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la chronique

de ses descendants présents et à venir ; cette idée est aussi étrangère que possible à un cerveau Français. Nous ne songeons, en ornant de fleurs les tombes des êtres aimés, qu’à la revanche du bonheur perdu ; ce sont bien le revoir et la notion imprécise d’une résurrection possible qui nous incitent à ces hommages et nous soutiennent dans les épreuves ; ce sentiment est général et paraît indéracinable en France et il se maintient jusqu’au fond des cœurs en apparence les plus matérialisés ; les fanfarons d’athéisme ne sont pas les derniers à le ressentir. C’est bien là de l’espérance et, partant, de la religion.

On pourrait relever d’autres formes encore du sentiment religieux, mais il s’exprime toujours de façon simpliste sans aucunement s’embarrasser du pourquoi et du comment. Et ce ne sont pas seulement les fidèles, mais aussi les prêtres auxquels cette observation est applicable. Certaines congrégations s’émeuvent davantage des considérations dogmatiques, mais le clergé paroissial, surtout dans les campagnes, se donne tout entier à la partie pratique, si l’on peut ainsi dire, de son ministère. Baptiser les enfants, faire faire la première communion aux adolescents,