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la chronique

par quelques inconvénients qui sont, en dehors de la syntaxe, la complexité des verbes et l’orthographe illogique. M. Novicow propose de rendre la langue française tout à fait supérieure en faisant disparaître lesdits inconvénients. Il veut suicider le subjonctif et supprimer dans les mots toutes les lettres inutiles. Grand merci pour ce beau projet qui révoltera sans doute les puristes et n’enthousiasmera que les disciples du « volapukisme », c’est-à-dire ceux que domine la préoccupation de faciliter avant tout les relations pratiques et immédiates entre les diverses fractions de l’humanité. M. Novicow paraît être de ceux-là. Il prend soin de nous avertir de sa foi en un avenir pacifique et fraternel dont les États-Unis d’Europe seront un des plus féconds instruments et c’est en vue de ce grandiose fédéralisme qu’il préconise le français comme le langage officiel et central de l’ère nouvelle. Nous ne croyons guère à ce beau rêve, mais dût-il se réaliser quelque jour que la nécessité et la possibilité d’un langage unique n’en découleraient nullement. De plus en plus, la civilisation tend à répandre l’usage simultané des trois ou quatre langues de première importance et l’on n’aperçoit pas pour quel motif