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de france

Malgré tout, les gouvernements se témoignaient une confiance et une sympathie réciproques. Ce n’est un secret pour personne que le roi Édouard, au début de son règne, se montrait fort sensible aux prévenances de son impérial neveu et inclinait visiblement vers l’Allemagne. Il le prouva d’ailleurs en se laissant entraîner à la suite de celui-ci dans l’affaire vénézuélienne. Cet incident malheureux fit déborder le vase. Les Anglais, qui supportaient impatiemment une coopération contraire à leurs vœux et dont la maladroite et obstinée anglophobie germanique attisait sans cesse les rancunes s’insurgèrent tout de bon lorsqu’ils virent la tournure que prenaient les choses. Risquer, pour les beaux yeux de l’Allemagne, de se brouiller avec les États-Unis c’était vraiment trop. Le roi comprit le danger de se mettre en opposition avec un courant d’opinion aussi formel et, très habilement, sans le laisser d’abord paraître, il se retourna vers la France. La satisfaction de ses sujets fut d’autant plus complète et d’autant plus vive que leur inquiétude et leur mécontentement avaient duré davantage. C’est ainsi que les « gaffes » de nos voisins de l’est engendrèrent en Angleterre une germanophobie dont nous fûmes les