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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1903.djvu/84

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la chronique

théâtre. M. Delcassé, qui a toujours le mot si juste, a prononcé cette fois-là une parole malheureuse : il a qualifié « d’événement d’ordre intérieur » l’assassinat perpétré sur le roi Alexandre et sur la reine Draga. De pareils crimes, entourés d’ailleurs de circonstances tellement ignobles qu’on les jugea d’abord invraisemblables, relèvent de la morale générale et intéressent directement, à ce titre, toutes les nations. L’attitude des divers gouvernements, en cette circonstance, dépassa en faiblesse et en veulerie ce qui s’était vu jusqu’alors. Un télégramme d’allures un peu sévères, adressé par l’empereur d’Autriche au nouveau roi de Serbie et dont il ne fut du reste publié à Belgrade que la partie inoffensive — un « communiqué » de la chancellerie russe réclamant tardivement la punition des coupables, constituèrent des protestations d’autant plus platoniques que le ministre de Russie et le ministre d’Autriche apportèrent l’appui moral de leur présence à la réception de Pierre ier lorsqu’il entra dans sa capitale. Les autres membres du corps diplomatique s’étaient éloignés ; ils revinrent tous, hormis le représentant de l’Angleterre. On eût aimé à voir la France élever la voix au nom de ce respect de la vie