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la chronique

lequel ils ne cherchaient pas à se spécialiser. À la fois peintres, sculpteurs, architectes, ils concevaient et exécutaient des ouvrages d’une superbe unité.

Le travail de leur pinceau n’a guère survécu. Saint-Jean de Poitiers, Saint-Michel de Rocamadour et les églises de Saint-Savin, du Liget, de Poncé, du Petit-Quevillly contiennent des fresques qui les honorent mais sont insuffisantes à les bien faire connaître. Ce fut l’ogive qui tua la peinture murale ; elle monta trop haut, s’ajoura, se dentela, amincissant les colonnes, supprimant les pans de murs ne laissant plus de place qu’à de mièvres ornementations et enlevant aux peintres la possibilité de dérouler leurs cortèges habituels et de fixer leurs scènes préférées. La couleur que la pierre se refusait à porter se posa sur le verre. Les fenêtres s’agrandirent pour recevoir des vitraux étincelants. Les peintres, confinés dans leurs ateliers, y préparèrent des cartons pour les tapissiers et les verriers ; ils confectionnèrent des tableaux religieux ; ils s’adonnèrent surtout au portrait ; celui de Jean le Bon suffirait à marquer combien leur réussite y fut prompte et complète.