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de france

et la « Lyre berbère » attestaient ses tendances historiques et symboliques lorsque le public se trouva en présence d’un dessin révélateur ; il s’agissait de ce palais de Longchamp dont la grandiose façade commande désormais l’admiration de quiconque visite Marseille. Figures, gestes, décoration s’y mêlent et s’y harmonisent d’une façon large et superbe. Les hommes de notre temps avaient perdu la notion d’une œuvre pareille quand le projet de celle-là surgit soudainement à leurs yeux étonnés. Il parait que la jeunesse de l’artiste effraya les édiles marseillais ; ils se refusèrent à lui confier l’exécution de l’édifice conçu par lui. Mais la forme s’en imposait à tel point, elle cadrait si parfaitement avec l’emplacement fixé que celui auquel ils s’adressèrent quelques années plus tard dut bon gré mal gré s’inspirer des lignes tracées par Bartholdi ; les modifications plus ou moins heureuses qu’il introduisit dans le plan primitif n’en altérèrent pas l’économie ; impossible d’en transformer l’originalité. Le larcin était flagrant. Appuyé par la Société des artistes français, Bartholdi assigna la ville de Marseille en dommages-intérêts ; le Conseil d’État lui donna gain de cause et tout derniè-