qu’il se battait vaillamment, l’Alsace déjà se trouvait séparée virtuellement de la France, en attendant que le traité de Francfort obligeât ses fils à une option douloureuse. Gambetta l’avait envoyé au devant de Garibaldi à son arrivée. C’est comme officier d’ordonnance du célèbre général italien que Bartholdi fit la campagne et c’est durant ces jours sombres que l’idée germa en lui d’un monument extraordinaire propre à commémorer dans le passé l’alliance franco-américaine et peut-être à la faire revivre dans l’avenir. Le citoyen plus encore que l’artiste s’exaltait à ce projet. Bartholdi croyait à l’avènement dans son pays d’une démocratie devant laquelle se dresseraient irréconciliables les monarchies césariennes du vieux monde et il lui semblait logique et prudent que la France nouvelle cherchât de l’autre côté de l’océan l’écho des sympathies qui naguère, à l’aube de la liberté américaine, s’étaient manifestées si chaudes autour du nom français.
Seulement beaucoup de temps avait passé sur ces souvenirs et beaucoup de malentendus aussi. D’autre part les Français se sentaient peu enclins, dans un moment tragique, à s’occuper d’élever des statues et d’embellir un site lointain, si ami