fut-il. Bartholdi rencontra à Paris comme à New-York des difficultés sans nombre ; son plus grand mérite fut d’y faire face avec une inlassable énergie. Narrateur plein d’esprit, écrivain pittoresque, il est dommage qu’il ne nous ait pas laissé le récit de ses démarches et de ses négociations ; il y fit preuve d’une rare ingéniosité, sachant prendre successivement Américains et Français par leurs côtés faibles et obtenir d’eux les sacrifices nécessaires. Le fait de donner généreusement son travail ne facilitait, en effet, que dans une mesure très relative l’érection de la Liberté éclairant le monde. Il fallait fondre la statue, opération coûteuse : il fallait aussi lui dresser un robuste piédestal sur l’étroit îlot que Bartholdi avait choisi. Cette dernière dépense incomba aux États-Unis. Si parfois les souscripteurs se montrèrent, pour employer une locution populaire, « un peu durs la détente » il est probable qu’ils n’ont jamais regretté de s’être laissé convaincre. Nul n’imaginerait plus l’entrée de la baie de New-York dépourvue du colossal objet d’art qui contribue si heureusement à la décorer. Le modèle de la Liberté éclairant le monde est répandu dans le monde entier ; une réduction a été élevée à Paris ; l’imagerie s’est emparée
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