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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1904.djvu/219

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de france

de sa silhouette et l’a popularisée ; mais pour en apprécier la beauté il faut l’avoir contemplée sur place, se détachant glorieusement sur le panorama des trois cités populeuses assises sur les rives de l’énorme baie. Cette beauté n’est pas parfaite, sans doute ; au point de vue de la ligne, Bartholdi a fait mieux ; il se dégage toutefois de l’ensemble une impression de puissance très marquée. Dans le geste du bras qui tient la torche et l’élève au plus haut se révèle une volonté d’éclairer qui séduit et entraîne. Somme toute, aucun monument dans tout l’univers ne réunit ainsi le triple prestige de la grandeur matérielle, de l’art et de la valeur historique. Celui-là est digne des événements qu’il commémore et le but de l’artiste-patriote est atteint car il est impossible d’entrer à New-York ou d’en sortir sans que surgisse le souvenir de la part prise par la France à l’émancipation des États-Unis. N’y a-t-il pas là comme une sorte de revanche de la prise de Québec ?

Le patriotisme blessé de Bartholdi s’est exhalé en un autre monument moins souvent visité mais plus saisissant et plus parfait. C’est le Lion de Belfort. Belfort assiégé par les Allemands en 1870 résista près de quatre mois malgré un bom-