fidèles, la joie de contrarier, d’humilier le pape et le désir d’être absous par lui, tout cela s’opposait et se heurtait dans l’âme du renégat. Aussi prenait-il plaisir à embrouiller les choses, à isoler Mgr Spina en arrêtant sa correspondance, à pousser Bonaparte dans la voie des exigences, à susciter mille obstacles de détail — espérant vaincre par là la résistance pontificale sur le seul point qui l’intéressât et dont, en sa qualité d’ex-évêque, il connaissait mieux que personne le règlement difficile — à savoir la légitimation du mariage des prêtres… Tel il était alors tel il devait rester jusqu’à sa mort. Décidé à se réconcilier complètement avec l’Église, il prépara sur ses vieux jours une formule d’abjuration et de rétractation de toutes ses erreurs mais il différa de la signer jusqu’au dernier moment. À sa nièce qui le pressait de sceller ce grand acte, il répondit gentiment : « ma nièce, je ne me suis jamais pressé et je suis toujours arrivé à temps ». Il éprouvait encore à l’égard du Saint-Siège ce mélange de haine et de respect, de crainte et de dédain qui, trente-huit ans plus tôt, avait inspiré sa conduite au cours des négociations concordataires.
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