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aucune autorité réelle. La puissante tribu des Zemmour qui sépare Fez de Marrakech et parfois en ferme les routes au Makhzen, forçant les communications à se faire par la côte, est dans ce cas ; les caïds y régnent et ne gouvernent pas tandis que, dans les tribus du pays makhzen, ce sont eux qui exercent tous les pouvoirs ; il convient d’ajouter que, même dans ces tribus, le sultan ne se risquerait pas à nommer un caïd sans s’être assuré de l’agrément de ses futurs administrés. Quant au centre du pays siba, l’indépendance y est presque absolue, la vieille coutume berbère de la Djema ou assemblée municipale composée de tous les adultes résidents y est strictement observée ; il y a là de rudes et fortes démocraties dont on n’aura pas facilement raison et qui pourraient fournir des éléments importants au mouvement de renaissance berbère dont il est sage de prévoir, dans un avenir lointain mais très probable, la redoutable manifestation.

Les sentiments des tribus siba à l’égard du sultan sont, nous l’avons vu, d’ordre religieux ; mais ce ne sont pas ceux que les fidèles d’un culte éprouvent pour leur pontife suprême. À vrai dire, le sultan du Maroc n’est point un khalife mais