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la chronique

il est resté cherif et, comme tel, il possède la baraka ce qui est une sorte d’état de grâce communicable aux hommes et aux choses[1] ; le sultan transmet sa baraka à celui de ses proches qu’il a désigné pour son successeur et cette baraka constitue le palladium sous lequel il peut, en sécurité, gouverner bien ou mal… jusqu’au jour toutefois où se dresserait en face de lui un prétendant qui réussirait à se faire admettre comme possesseur d’une baraka supérieure à celle de la dynastie régnante. On voit par là combien le pouvoir du sultan est à la fois solide et précaire. La récente histoire de Bou Hamara l’établit clairement et le fait que la révolte se soit propagée et fortifiée comme cela est arrivé et si près de Fez, apporte en quelque manière une confirmation à tout ce que nous venons de dire concernant les traits caractéristiques des tribus makhzen et siba, la faiblesse des rouages gouvernementaux et les bizarreries traditionnelles d’un régime unique dans le monde.

  1. Voir le très remarquable ouvrage déjà cité de M. Eugène Aubin.