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la chronique

assura même qu’ils escortaient un drapeau rouge. Il les salua, se renseigna auprès d’eux, écouta leurs récriminations et prit quelques mesures disciplinaires envers deux ou trois jeunes officiers dont la conduite ne paraissait pas avoir été repréhensible. Après un pareil exploit digne de M. Pelletan et dépassant presque ce que ce dernier avait osé, M. Berteaux en qualité de ministre de la Guerre se trouvait déconsidéré. Il le sentit sans doute et comprenant qu’aucune voix modérée ne se porterait plus sur son nom pour la présidence de la République, il résolut de s’orienter de plus en plus à gauche. La plus proche occasion fut saisie par lui pour quitter avec fracas le ministère. Il arrivait naturellement que, sur certaines questions, des voix de droite se trouvaient appuyer le cabinet. M. Berteaux, d’un geste théâtral jetant son portefeuille, déclara un beau jour que son républicanisme s’offusquait de pareilles compromissions. Il se leva du banc des ministres et sortit de la salle des séances pour y rentrer cinq minutes après et s’aller asseoir parmi les députés à son ancienne place. L’extrême gauche l’applaudit mais tout cela ne servit de rien ; les circonstances ne devaient pas même lui