L’opinion, du haut en bas, s’était affolée ou, pour mieux dire, s’était hypnotisée devant cette idée fixe que la personne de M. Delcassé était le seul obstacle à une solution pacifique du conflit. Sans raisonner sur la nature du conflit lui-même et sur les incohérences et les absurdités qu’il révélait de la part de l’Allemagne (à moins d’admettre par derrière les préoccupations marocaines une arrière-pensée européenne), tout le monde adopta ce point de vue simpliste. Rien n’égale la profondeur de naïveté dont les Français firent preuve en cette occasion — rien, sinon l’ampleur de la faute qu’ils commirent en permettant à un souverain étranger de s’ingérer en maître, aux yeux stupéfaits de l’univers, dans le détail de leurs affaires intérieures et dans le choix de leur personnel gouvernemental. Tous les « Fachodas » du monde, pour rappeler un incident trop fréquemment exploité par les partis d’opposition, ne sauraient approcher de la déchéance consentie ce jour-là.
Le premier coupable en ceci n’était autre que