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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/220

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la chronique

ville pour aller reconnaître les bouches du Mississipi. La tâche qui l’attendait sur ces lointains rivages et à laquelle il devait consacrer presque exclusivement les quarante-cinq années de sa vie active comportait tout ce qu’exige d’initiatives diverses et ce qu’impose de fâcheux aléas la formation d’une colonie dont il faut conquérir le sol sur les indigènes et créer les ressources de toutes pièces. De déplorables vicissitudes vinrent cette fois en aggraver les charges. Successivement administrée par l’État, par le concessionnaire Crozat, par la compagnie des Indes et de nouveau par l’État, la Louisiane souffrit de la succession de ces régimes presque également défectueux. L’incurie de la métropole à son égard contribua à y développer le microbe de la délation de la façon la moins digne et la plus regrettable. Bienville en fut la constante victime. Non seulement les immenses services rendus par lui ne furent jamais appréciés à leur valeur mais il eut sans cesse à se défendre contre les accusations les plus douloureuses et les moins justifiées.

Sans rien enlever à la gloire de ces deux hommes qui, aux deux extrémités de l’énorme arc de cercle de l’Amérique française, travaillaient si no-