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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/221

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de france

blement à en consolider la puissance, nous nous permettons de leur préférer encore le grand français qui fut leur père. Sa physionomie, demeurée dans une ombre ingrate, semble dominer ces annales familiales et en occuper le centre. Charles Le Moyne était né à Dieppe en 1626. Ses parents avaient neuf enfants dont cinq émigrèrent au Canada où se trouvait déjà leur oncle Adrien Duchesne[1], frère de leur mère. Quand Charles y arriva, il avait 14 ans et la ferme résolution de s’y débrouiller. Il ne paraît pas qu’on l’ait beaucoup aidé. Peut-être s’était-il enfui du logis paternel contre le gré des siens, désireux de le garder près d’eux. Ce qui le donne à penser c’est que, s’il fut recueilli à l’arrivée par son oncle et ses frères, ceux-ci ne l’hébergèrent pas longtemps et le laissèrent goûter de la « vache enragée ». Il s’en

  1. Ce même Adrien Duchesne avait reçu en 1637 de la Compagnie des Cent associés trente acres de terre sis aux portes de Québec. Il en fit don plus tard à Abraham Martin, pilote royal. L’endroit fut connu dès lors sous le nom de « plaine d’Abraham. » C’est là que se livra la bataille qui décida du sort de la Nouvelle France. On y voit aujourd’hui le monument commémoratif du double trépas de Wolfe et de Montcalm.