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la chronique

savait assurément ce que tant de ses concitoyens persistèrent, hélas ! à ignorer ; c’est que le bon ouvrier de la métropole en terre lointaine est l’homme qui établit solidement son foyer et jette dans le sol les bases d’une richesse personnelle de bon aloi. Charles Le Moyne laissait quatorze enfants dont treize vivants[1] : deux filles et onze fils auxquels il avait dû inculper de tels principes ; mais les circonstances furent les plus fortes. Un seul excepté, tous « prirent le parti de la guerre », comme l’a écrit d’Iberville dans un mémoire où il demandait une place de conseiller au Conseil de Saint-Domingue pour ce frère rebelle au métier des armes dont la trace, d’ailleurs, s’est perdue depuis.

La famille Le Moyne comptait alors trois branches principales La première, issue de Pierre Le

  1. Sa femme, Catherine Primot, avait été élevée à bonne école. Née à Rouen, elle était venue toute petite au Canada et s’y était familiarisée avec l’imprévu et les dangers de l’existence coloniale. Sa mère était connue pour la façon héroïque dont, attaquée par des Iroquois à quelque distance de sa demeure, elle s’était défendue et, malgré qu’elle fut atteinte de sept coups de hache, avait tenu ses agresseurs en respect jusqu’à ce qu’on vint à son secours.