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pas moins amène et bien intentionné. L’issue de la Conférence permettait en somme de tenir pour acquis qu’il en était ainsi ; chacun pouvait triompher sur certains points. Par malheur, l’Allemagne ne sut point s’en tenir à ce sage compromis et bientôt sa rancune éclata de façon désordonnée. Tandis que les journaux disaient son fait à la Russie coupable « d’ingratitude », l’empereur, chose plus grave, marquait lui-même à l’Italie son mécontentement en ne s’associant pas à la pitié universelle soulevée par la catastrophe du Vésuve. Il avait de plus adressé au comte Goluchowski un télégramme attribuant à la conférence d’Algésiras l’aspect rétrospectif d’un duel. L’Autriche était remerciée pour y avoir honnêtement rempli son devoir de « second » sur le terrain, ce rôle auquel il était sous-entendu que l’Italie avait déloyalement manqué. Une pareille attitude était faite pour tuer du coup la Triple Alliance ; on crut effectivement qu’elle n’y résisterait pas. Le sang-froid du Quirinal lui permit seul d’y survivre en attendant que Guillaume ii eut pris soin d’effacer, par quelqu’un de ces gestes de charmeur dont il est familier, les traces de sa fâcheuse incartade.