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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/43

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de france

res. C’est que la bataille au fond ne se livrait pas entre tel et tel programme mais entre des conceptions différentes de la fonction présidentielle. Ce qu’on attendait de M. Fallières, c’était la continuation du « constitutionnalisme » de M. Loubet, de son souci de neutralité, de ses habitudes d’abstention ; ce qu’on espérait de M. Doumer, c’était une manière beaucoup plus personnelle de présider sans crainte de se « découvrir » ni même de faire au besoin prévaloir son avis. On lui rendait ce bel hommage de chercher en lui un Roosevelt français et il l’avait fort bien compris car, pour tout manifeste, il lança aux approches de l’élection un volume intitulé le Livre de mes fils dans lequel il exposait une doctrine d’ensemble qu’eût volontiers contresignée le président des États-Unis. Il est probable que la carrière politique de M. Doumer est loin d’être terminée, mais on se demande si, comme chef d’État, il arriverait à faire vivre en France quelque chose d’analogue à la première magistrature américaine. Ce n’est pas dans l’esprit du pays et ses traditions s’y opposent. Du jour où les Français auraient un président à l’américaine, ils en feraient un dictateur comme du jour où ils