et de veiller à tout sans qu’on s’en aperçoive.
Il est inutile de tracer ici un tableau d’ensemble du long ministère de M. Delcassé. Les précédents volumes contiennent à cet égard plus d’un chapitre suggestif. L’œuvre de ce grand Français, contemplée à distance, prendra de plus en plus de relief et les défauts qu’on ne manquera pas d’y relever ne feront qu’en rehausser les beautés comme il arrive à toute œuvre vraiment humaine. Si celle-ci n’a pas été bien comprise sur le moment par ceux-là mêmes qui en bénéficiaient, c’est qu’elle présentait un trop fort contraste avec la politique environnante. Ce presque septennat ministériel rappelle les fortes carrières de certains chanceliers monarchiques soutenus par la faveur persistante d’un prince éclairé et capables ainsi de mener à bien ces travaux de très longue haleine que nous croyions interdits aux membres d’un cabinet parlementaire. Les résultats obtenus par M. Delcassé étaient attribués tantôt au chef de l’État, tantôt à un ambassadeur avisé ; il se gardait bien de réclamer pour lui un honneur qui eut fait pousser autour de lui l’herbe folle des passions envieuses. Le mérite de M. Loubet fut, en ceci,