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d’un arriviste appelé Broutchoux. Ne voulant pas faire de jaloux, le ministre les visita l’un après l’autre. Les adhérents de Broutchoux en ressentirent de l’orgueil ; ils ne cédèrent pas et leur audace grandit. Bientôt la région fut infestée d’énergumènes étrangers, de personnages interlopes, de commis-voyageurs en anarchie. L’armée était sur place mais on lui défendait ou à peu près de faire usage de ses armes. Les insurgés qui n’avaient point tant de scrupules se mirent à lapider les soldats ; ils en tuèrent plusieurs ; la mort du lieutenant Lautour souleva une émotion générale. Chacun comprit qu’il fallait en finir. La grève tournait à la révolution ; le président du Conseil, M. Sarrien, avait obtenu des patrons des concessions considérables dont les ouvriers ne s’étaient pas encore déclarés satisfaits. Étaient-ce bien du reste les ouvriers qui avaient répondu ? On parlait pour eux ; de plus en plus, ils apparaissaient terrorisés par les meneurs et complètement désorientés. M. Clemenceau retourna vers eux accompagnant le ministre de la Guerre qui se rendait aux funérailles du lieutenant Lautour. Cette fois, il se convainquit de l’urgence d’une attitude énergique. On lui doit cette justice qu’il ne cher-