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la chronique

parlementarisme d’hier qu’une pierre angulaire pour le parlementarisme de demain.

Le radicalisme français, du reste, n’avait joué dans l’histoire de la troisième république qu’un rôle incertain et mouvant. Après avoir eu plusieurs fois accès au pouvoir et s’y être aussitôt évanoui comme un fantôme, les élections de 1902 lui avaient fait la partie belle[1]. Il ne sut pas en profiter. Les utopies à la mode le submergèrent. Il permit que les rouages essentiels de la nation fussent désorganisés tandis que s’établirait, au profit d’une sorte de Tammany hall français, une domination basée sur l’espionnage mutuel et la délation. Le réveil fut rude ; ainsi que nous l’avons déjà dit, l’affaire marocaine servit de prétexte à une menace d’agression que provoquaient en réalité l’état lamentable dans lequel le général André avait laissé l’armée et M. Pelletan, la marine. Si les élections législatives avaient eu lieu huit mois plus tôt, le verdict en eût été très différent. Mais depuis ces sept mois, l’opinion avait reçu satisfaction sur les points principaux. Or ce qui manque le plus à la démocratie, ce n’est pas

  1. Voir la Chronique de 1902, chap. ii.