Aller au contenu

Page:Pierre de Coubertin - Education en Angleterre, 1888.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
l’éducation en angleterre

compte de la profondeur du patriotisme anglais. C’était d’abord dans le salon d’un château : quelqu’un jouait du piano ; dans l’embrasure d’une fenêtre, assis sur une haute banquette un petit garçon de onze ans — le fils de la maison — lisait dans un grand livre, lequel le captivait à tel point qu’il ne m’avait pas entendu entrer Après beaucoup de morceaux plus ou moins harmonieux, qui se succédaient les uns aux autres presque sans interruption, le piano fit entendre l’hymne national. Le petit Anglais en était évidemment à un passage palpitant : il ne leva pas les yeux, mais glissa de la banquette et se tint debout, respectueusement. Quand le dernier accord eut retenti, il se rehissa sur son siège, toujours sans regarder autour de lui.

La seconde fois, le cadre était plus imposant : c’était dans cette merveilleuse grotte de Finegal dans laquelle les flots de l’Océan exécutent sur les piliers de basalte les concerts étranges que Mendelssohn a cherché à rendre. Les touristes, débarqués non sans peine sur l’îlot solitaire et couvert d’écume, avaient pénétré dans la grotte en suivant une rampe de fer scellée