Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
le roman d’un rallié

voilà tout. Ce sont d’ailleurs les deux seuls traits par lesquels les hommes se différencient d’un bout du monde à l’autre. Pour le reste, ils sont exactement semblables ». Et Rovesco, prenant son parti de cette déplorable similitude, s’adonna à l’absorption d’un morceau de sole qu’on venait de lui servir avec trois champignons autour.

« Non, dit son interlocuteur, l’élégant John Magouis, secrétaire de la légation des Pays-Bas, non ! ils ne sont pas tous pareils ! Les Anglais sont cousins des Américains : ils parlent la même langue et pourtant, quel abîme entre un club Anglais et un club Américain ! » Magouis avait été secrétaire à Londres avant Washington et il y était devenu anglomane. Il avait même poussé les choses jusqu’à changer son prénom de Jean en celui de John et, lorsqu’il recevait une lettre adressée à John Magouis Esqe, il ne se tenait pas d’aise. Le grand drawback de son existence était de n’avoir pas été élevé à Eton et de n’avoir pu ensuite flâner sous les cloîtres gothiques d’Oxford ; et le principal mérite de la Haye consistait à ses yeux en ce que les environs de la ville pré-