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le roman d’un rallié

ment se forme. Les ferries[1] se mettent en route vers Jersey City ou abordent, portant des camions chargés, des charrettes et toute une population d’ouvriers et de petits employés allant à leur besogne quotidienne. Ces ferries ont, dans le brouillard, de vilaines silhouettes de monstres antédiluviens et leur sifflement, une tierce infernale et rauque qui s’entend de toute la ville, ajoute à l’impression d’effroi que cause leur vue. Le quai large et mal tenu, encombré de planches empilées, de cordages, de matériaux de tous genres, est bordé par la ligne misérable des restaurants à bon marché, des bars de matelots, des baraques de planches. En face sont rangés les wharfs des grandes compagnies, énormes pontons aux toitures arrondies sous lesquelles s’engouffrent pêle-mêle, à l’arrivée et au départ, les marchandises et les voyageurs.

Celui de la compagnie Transatlantique, peint en rouge brun, est, ce matin, le centre de l’activité : par dessus sa carapace disgracieuse, on aperçoit

  1. Bacs à vapeur.