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le roman d’un rallié

tantôt courbée en spirales étranges et le jeune homme s’oubliait à tirer de ces particularités des horoscopes ayant trait à lui-même, au combat et aux agitations dont son âme était le théâtre. Il allumait aussi des cigarettes de tabac Américain ; leur parfum singulier le pénétrait de souvenirs. Sur ceux qui les analysent rapidement et les perçoivent fortement, les odeurs agissent comme de puissantes évocatrices ; elles développent les associations d’idées plus sûrement que la vue et l’ouïe. Étienne goûtait ainsi la sensation de revivre des minutes oubliées de son existence Américaine. Il revoyait des coins de Pullman Cars avec de graves figures de yankees fumant leur pipe en d’interminables silences, coupés d’expansions subites et imprévues, ou bien le bar d’un Hôtel dans la région du Mississipi avec le balancement régulier des rocking chairs, la succession des cocktails et le calcul entêté emplissant les cerveaux ; puis c’étaient un match de football à Philadelphie, où cette même odeur s’était répandue, dans l’air, autour des tribunes bondées de spectateurs et enfin la « crypte » du Métropoli-