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le roman d’un rallié

demain, Albert Vilaret avait posé sa carte à l’hôtel de Crussène. Ils s’étaient revus l’été suivant, d’une manière très inopinée dans une auberge de village en Bretagne. Étienne, saisi en reconnaissant dans le député de la circonscription son compagnon de route, avait éprouvé soudain le remords de n’avoir pas rendu la carte et il s’était excusé de son mieux. Depuis lors, ils avaient eu plus d’une occasion de se revoir ; Vilaret recherchait visiblement la compagnie du jeune marquis. Il ne manquait jamais de venir le voir à Paris. Il avait fini par s’enhardir jusqu’à se présenter à Kerarvro, mais il se gardait de le faire pendant les périodes électorales, tenant à prouver qu’il venait en « voisin » et non en candidat. Jamais il n’avait témoigné le désir d’être reçu par la marquise. Étienne lui savait gré de ces preuves de tact et prenait plaisir à le rencontrer. Il connaissait son histoire et admirait fort l’énergie, la ténacité dont Vilaret avait fait preuve dans sa courte et brillante carrière. Il s’étonnait de ses facultés d’assimilation, le trouvant toujours au courant des sujets les plus