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le roman d’un rallié

d’introduire M. Vilaret. Inquiète et désorientée, la jeune fille ouvrit la porte et regarda dans le corridor. Il était obscur et désert. Tout au bout, une mince raie de lumière filtrait. Éliane s’avança un peu dans cette direction : le tapis épais étouffait le bruit de ses pas. Une sorte d’instinct la poussait ; elle ne songeait pas à écouter. D’ailleurs, quelle apparence que la conversation des deux hommes pût offrir pour elle le moindre intérêt ?… En s’approchant, elle vit que la première porte était restée ouverte ; elle donnait sur une sorte de petite antichambre qui prenait jour, au moyen d’un vitrage dépoli, sur le cabinet de toilette. C’est par la seconde porte, celle de la chambre à coucher, que la lumière filtrait. Arrivée là, Éliane entendit une voix échauffée par la discussion, qui disait avec vivacité : « Sans doute, vous serez élu aussi comme droitier, seulement toute votre carrière en sera frappée de stérilité. Dans l’opposition, mon cher M. de Crussène, vous serez réduit à l’inaction ; dans le parti constitutionnel, vous agirez aussi librement que vous voudrez. Notez-le bien, vous ne pouvez