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Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/279

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le roman d’un rallié

ciemment ; mais les paroles étaient quelconques. C’est l’Idée qui le possédait. Une Force s’emparait de lui : l’ambition de traverser la vie en grandissant toujours, en montant toujours, en aimant de plus en plus. Quand, le rideau prêt de tomber, le prophète avait élevé les bras dans un geste de bénédiction suprême qui dépassait la morte, gisant à ses pieds, pour atteindre l’humanité, l’habileté de l’acteur et la perfection de la mise en scène avaient donné l’illusion d’un début d’ascension miraculeuse. L’homme avait paru transfiguré, sur le point de redevenir un Dieu, ses pieds ne tenant plus au sol. Et toute sa prédication, tout son langage s’étaient résumés dans son regard chargé d’amour et profond comme l’éternité. Étienne avait conservé en lui cette vision. Toute sa nature Celte en était remuée, exaltée, au point qu’il ne s’étonnait même pas des circonstances et du lieu dans lesquels s’accomplissait un tel bouleversement de tout son être.

Et tout à coup, ils entrèrent dans le salon illuminé d’un restaurant encore à moitié vide. Des