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le roman d’un rallié

d’ailleurs, combien souvent la conduite à tenir se ferait claire à ses yeux, s’il faisait abstraction de ses passions, de ses préjugés, s’il s’interrogeait franchement !

Par une pente naturelle, la pensée du jeune homme glisse vers la France lointaine. Combien la préoccupation du Bien public est étrangère à ses compatriotes ! Les querelles, les haines passées ont à ce point brouillé et obscurci toutes choses que la plupart des citoyens, et les meilleurs, les plus éclairés, ne savent même plus distinguer entre leur point de vue personnel ou le point de vue de leur petite coterie et celui de l’ensemble du pays. Et ils ont, en même temps, perdu la notion de la race, si supérieure à celle du pays, parce qu’elle embrasse le temps et la succession des générations. L’instabilité, devenue pour eux une seconde nature, leur ferme l’horizon au-delà des limites de leur propre vie ; ils pensent à assurer à leurs enfants l’aisance et, si possible, la richesse : ils ne pensent pas à leur préparer une existence plus heureuse dans un milieu moins troublé, avec des données, des