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Page:Pierre de Coubertin - L’Éducation anglaise en France, 1889.djvu/197

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le choix des carrières

Au milieu de tout ce fatras mondain, il y a place encore pour de grands dévouements, pour des actes de réelle charité, pour l’antique bravoure chevaleresque… Je suis sûr que, si par impossible les échafauds de 93 se dressaient de nouveau sur nos places, beaucoup de ces hommes s’en iraient à la mort avec le même calme, la même insouciance et la même simplicité que leurs ancêtres ; mais leur légèreté, leur vanité, leur paresse aussi et tout un vieux stock d’idées fausses les empêchent de mener une vie raisonnable et utile. — Ils ne laissent pas que d’envoyer leurs fils au collège, parce que c’est une mesure réputée indispensable ; et leurs fils y transportent le culte du chic dans lequel ils ont été élevés jusque-là. Une fois sortis, on leur tient un petit discours qui est toujours plus ou moins semblable à celui que M. de Saint-Kétoil a tenu à ses fils le jour de leurs vingt ans : « Mon bon ami, leur a-t-il dit à tour de rôle, croyant faire un acte de haute diplomatie, te voilà un homme ; tu ne feras pas autrement que les autres ; tu rencontreras des femmes sur ton chemin et tu te laisseras attirer par elles ; il faut bien apprendre la vie ! Tâche de ne pas ruiner ta santé et de ne pas faire trop de dettes ; et surtout, tu sais, pas de passions ridicules ; je ne veux de mésalliance à aucun prix ; l’important c’est de ne rien faire contre l’honneur. Tu m’as bien compris ? » Le fils, auquel cette belle déclara-